15 Déc Quand son conjoint meurt alors qu’on était en conflit
Votre conjoint et vous ne vous entendiez plus. Il y avait des tensions au sein de votre couple, connues ou non de votre entourage. Et puis un jour votre conjoint meurt et c’est fini…
Depuis 3 ans, il me trompait, mais il l’a toujours nié. Lorsque la situation est devenue invivable pour moi, j’ai décidé de demander le divorce. Lorsque je l’en ai informé et qu’il a compris que je ne changerais pas d’avis, il s’est donné la mort le lendemain. Je suis très mal aujourd’hui.
Dans le cas d’un suicide, des accusations directes ou sous-entendues peuvent même vous parvenir : « S’il s’est suicidé, c’est ta faute, tu venais de le quitter. »
La situation est d’autant plus complexe si la relation n’était pas au beau fixe au moment du décès. Vous avez peut-être subi des violences verbales ou physiques qui sont restées dans le secret du couple. Vos enfants ont parfois assisté à ces scènes.
Juliette a dû se séparer de son conjoint, quand il a commencé à avoir des gestes violents contre elle, elle avait peur pour son fils et pour elle. Le cancer de son compagnon l’avait affaibli pendant trois ans, physiquement et mentalement. Il n’était plus lui-même, cette maladie et sa lutte pour sa survie l’avaient rendu violent physiquement. Emplie de culpabilité, elle a choisi de rester à ses côtés pour l’accompagner jusqu’au bout, mais ne plus partager leur quotidien.
Il ne supportait plus de se voir diminué et se savoir mourant, alors, c’est moi qui prenait… Il était la victime, je n’existais plus, j’étais comme une coquille vide. Son décès et la violence conjugale sont comme une double peine. C’est la première fois que je me sens entendue, reconnue et comprise grâce à toi, Rachel.
Un sujet encore tabou
C’est en accompagnant Juliette que j’ai réalisé combien ce sujet était tabou et que je me suis autorisée moi-même à partager mon histoire. Mon compagnon avait été diagnostiqué bipolaire et nous ne vivions plus sous le même toit depuis 6 mois quand il s’est suicidé. Pourtant, on se voyait quasi tous les jours, et c’est moi qu’il appelait à 2 heures du matin quand il se sentait mal. Pour moi, quoi qu’en pensent les autres, nous étions toujours un couple.
J’accompagne de plus en plus de femmes dans ces situations. Si c’est votre cas, sachez que vous avez votre place dans mes programmes, même si vous craignez probablement, comme je le redoutais, le regard des autres femmes qui, elles, étaient dans une relation harmonieuse avec leur conjoint avant son décès.
Si vous aviez une relation compliquée ou si vous envisagiez de vous séparer, il n’en reste pas moins que vous êtes confrontée à un deuil à traverser. Des liens particuliers existaient entre vous, et la perte entraînera des émotions intimement liées à la nature de la relation (colère, regret, culpabilité et soulagement…)
J’ai le droit de critiquer un mort
Quand le couple était en conflit, les qualités peuvent avoir du mal à apparaître, tout l’aspect négatif restant profondément en mémoire.
Évoquer les bons et les moins bons aspects de la personne permet de restaurer une image humaine, plus réaliste du défunt. Cela permet aussi de restaurer sa propre estime de soi.
À SE RÉPÉTER À VOIX HAUTE : “J’ai le droit de critiquer un mort”
Il est important de mettre des mots sur vos pensées pour en sortir et aller de l’avant. La mort de votre partenaire fige la relation à un moment critique, et il n’y a plus d’évolution possible ou de résolution conjointe des difficultés.
Avec sa maladie, il était devenu très désagréable et imprévisible. Aujourd’hui 6 mois après le début de l’accompagnement, j’ai à nouveau des souvenirs des bons moments, et les moins bons sont à distance. C’est comme si je lui avais pardonné, mais je n’oublie rien.
Une piste que je propose aux femmes est d’écrire une lettre au défunt pour lui dire leurs regrets, tout ce qu’elles n’ont pas pu lui dire ou faire. Cela permet de rentrer en contact avec leur culpabilité, de l’exprimer pour la libérer, car trop de culpabilité empêche de vivre et de se reconstruire. On peut aussi brûler cette lettre pour mettre un terme symbolique à toute cette culpabilité.
Une aide est parfois indispensable pour dépasser la colère, la douleur ou la culpabilité. Même si elle ne guérit pas le manque ou l’absence, elle peut néanmoins être une aide précieuse pour comprendre et se libérer définitivement.
Si vous souhaitez aller plus loin, je vous invite à en échanger lors d’une entrevue gratuite.
Chaleureusement,
Rachel
Bonus : replay de mon Facebook Live sur ce même sujet