30 Juin Deuil du conjoint : le temps ne règle pas tout
Lorsqu’on vit cette épreuve terrible du deuil de son conjoint, il est difficile de ne pas pouvoir établir combien de temps durera notre souffrance, combien de temps nous devrons braver la tempête émotionnelle qui nous afflige.
Mon réflexe, à la suite de la mort de mon compagnon en 2014, a été de m’accrocher à l’idée que le temps réparerait les dégâts. Mon deuil a continué d’exercer un pouvoir sur ma vie pendant plus de 18 mois, et j’ai fini par m’apercevoir que le temps ne réglerait pas tout par miracle.
Le temps ne guérit pas tout, c’est un mythe !
Dès l’annonce, le choc initial, la douleur nous frappe de plein fouet, et les sentiments de perte, de vide, de manque, de solitude et de chaos peuvent être envahissants.
La première année est très violente, parce que vous vivez l’expérience des « premières fois » sans l’être cher — l’anniversaire, Noël, la fête des Pères et des Mères, des vacances, une réunion de parents à l’école, une sortie — jusqu’au premier anniversaire du décès.
Certaines femmes me disent que la deuxième année leur semble plus difficile. C’est parce qu’à ce moment, elles se trouvent confrontées à une nouvelle réalité. Il n’y a plus de succession à régler, plus de « premières fois » à traiter, et le choc initial de la perte s’est estompé. L’entourage est moins présent, ce qui est normal, car chacun reprend le cours de sa vie.
La sensation d’aller plus mal qu’au moment de l’annonce du décès
Pour certaines d’entre vous, après un certain temps — et volontairement, je ne donnerai pas de délai, tout dépend de votre situation —, vous avez eu ou allez avoir la sensation d’aller plus mal qu’au moment de l’annonce du décès.
Que se passe-t-il ? Êtes-vous normale ? Cela fait 6 mois, 1 an, 2 ans, et vous avez l’impression que vous ne vous en sortirez jamais… Pourtant, vous aimez la vie et vous êtes persuadée que, même si c’est difficile, vous avez encore de belles choses à vivre.
Si mes propos font écho en vous, je vais vous apporter un éclairage sur ce qui se passe pour vous en ce moment.
Après la période de choc et d’anesthésie de nos émotions, la réalité reprend progressivement sa place. Tout ce qui était figé émerge. Progressivement, les mécanismes psychiques de défense que l’on a mis en place inconsciemment, tel un plan Vigipirate, sautent et laissent la place à toute la puissance des émotions. La douleur peut être est plus violente, plus profonde et les émotions plus intenses.
Vous pouvez vous sentir écartelée entre l’envie de vivre et la peur de l’oublier si vous trouvez du plaisir et le goût dans la vie. Et la culpabilité revient, plus vivace encore.
J’ai vraiment envie que vous sachiez que le retour soudain de la tristesse et de la culpabilité n’est pas une régression sur votre chemin de transformation ; ce n’est qu’un recul temporaire. Ce recul nécessaire constitue un nouvel élan vers l’apaisement et la joie de vivre. C’est un temps obligatoire qui va vous permettre d’intégrer cette perte, de lâcher vos anciennes croyances et d’aller vers une meilleure version de vous-même.
La perte change notre rapport au monde
La perte nous fait aussi progresser intérieurement et grandir. C’est comme si on quittait « notre ancienne peau » pour enfiler la nouvelle : quitter l’ancienne demande de l’énergie, c’est douloureux, mais salutaire.
Quand une femme n’arrive pas à amorcer l’acceptation de sa perte, le deuil peut s’enliser et durer des années dans certains cas. Chose certaine, mon histoire de conjointe endeuillée m’a permis de comprendre que rester dans l’isolement et dans le silence prolonge la douleur. Enfermer à double tour la souffrance de votre perte dans un tiroir et faire semblant n’arrangera rien.
Le temps ne fait que passer, rien d’autre. N’oubliez pas que, derrière chaque émotion, se trouve un besoin, et tant que celui-ci n’est pas satisfait, l’émotion ne fera que s’amplifier.
Ce sont les actions que vous allez mettre en place dans cette période qui vont avoir des effets et apaiser votre souffrance et vos émotions.
Si vous avez conscience que vous avez besoin d’être guidée pour arriver à gérer toute cette douleur, que vous ne voulez plus être seule et que les valeurs de la Communauté des Yellowomen résonnent pour vous, prenez rendez-vous pour que nous fassions connaissance.
Si nous voyons que le courant passe entre nous, je vous expliquerai comment je pourrais vous accompagner.
A très bientôt,
Rachel